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6. Balade à Cardiff, 23 et 24 Avril

Cardiff, c'est la "capitale" du Pays de Galles. Presque la même population que Nantes, à laquelle elle est jumelée, c'est un port par sa situation sur l'estuaire de la Severn, mais la ville s'est tournée vers d'autres intérêts. Aussi n'avons-nous pas envisagé de naviguer jusque là, mais y faire un petit séjour était un incontournable de notre voyage. J'y suis venue plusieurs fois, avec des élèves, quand j'étais prof d'anglais (autant dire dans une autre vie) et j'avais très envie de partager avec mon capitaine mon affection pour cette ville.

Première étape pour des marins dépourvus de véhicule automobile, organiser le trajet en transports en commun. Autrefois il fallait aller à la gare et demander des renseignements à un employé, mais tout ça a bien changé ! Maintenant on télécharge les applications de la compagnie de bus, de trains, on essaie de comprendre pourquoi il faudrait prendre le train pour Manchester alors qu'on veut aller à Cardiff, enfin on patauge un peu et on espère n'avoir pas fait de bêtises une fois que les e-tickets sont enregistrés dans le smartphone. Je vous passe les incertitudes sur l'arrêt de bus (il est à gauche sur le bord de la route, OK, mais le bus va-t-il vraiment aller dans la direction qu'on veut ?) c'est ce qui donne du piquant au voyage.

Mardi matin, nous partons de Neyland à 8h30, en bus, pour une petite commune voisine, Johnston, où nous supposons qu'il y a une gare puisque le train y passe. Eh non ! C'est un arrêt optionnel, et si vous voulez monter dans le train, il faut faire signe au conducteur ! Voila qui est original. C'est parti pour un voyage de 2h 30 environ... Cardiff c'est loin, mais surtout le train du genre TER dessert de multiples agglomérations dans la campagne galloise. Le paysage est charmant, entre prairies verdoyantes où paissent de beaux troupeaux de moutons et rivières paisibles qui s'enfoncent dans les terres en de larges estuaires, souvent asséchés à marée basse. En cours de route, nous tendons l'oreille pour nous familiariser avec la prononciation des noms de lieux. Le summum de la surprise sera Llanelli où nous découvrons que "ll" correspond à un son inconnu en français comme en anglais, une sorte de chuintement, que l'on devrait pouvoir mieux articuler avec de la bouillie dans la bouche ! Amis qui avez un petit cheveu sur la langue, bienvenue en Pays de Galles !

Enfin voilà Cardiff; nous voyageons léger et n'avons pas besoin d'aller décharger nos bagages à l'hôtel.

Incontournable et très remarquable : le Millenium Stadium !

Incontournable et très remarquable : le Millenium Stadium !

Nous trouvons le bus qui va nous emmener à St Fagans, à 20 minutes environ du centre ville, où se trouve le National History Museum. C'est un vaste parc très arboré, où l'on présente des bâtiments emblématiques de l'habitat traditionnel gallois : fermes, étables, chaumières, moulins, chapelles, manoirs de différentes époques ont été démontés et transportés depuis leur emplacement d'origine jusqu'à ce lieu de conservation. A l'intérieur de chacun, un guide se tient prêt à donner des explications, en anglais ou en gallois. Nous en rencontrons même un qui est français, enfin, breton, nous précise-t-il ! Et au passage il nous donne quelques renseignements sur la relation des gallois avec leur langue, bien plus répandue et utilisée que le breton, selon lui. Comme la plupart des musées nationaux britanniques, celui de St Fagans est gratuit; c'est un endroit très populaire, le parc étant largement aménagé pour l'amusement des enfants. En plus, il fait un temps superbe, chaud même, et les familles sont venues en nombre. Et nous, nous déambulons et explorons pendant presque 3 heures tous ces bâtiments variés, avec grand plaisir.

St Fagans : une ferme galloise

St Fagans : une ferme galloise

St Fagans : un manoir élizabéthain

St Fagans : un manoir élizabéthain

Vers la fin de l'après-midi, nous revenons au centre ville et allons déposer nos affaires à l'hôtel. J'ai choisi la situation plus que l'hôtel lui-même : St Mary's Street, proche de la gare et du château, dans le quartier commerçant et piéton de l'hyper-centre. Le prix est étonnamment bon marché, si on se souvient des prix londoniens : 42 € la nuitée, sans le petit-déjeuner qui est à 8 € par personne. Pourtant c'est une chambre tout à fait confortable qui nous attend, assez grande, chauffée, propre, côté cour donc calme, avec un téléviseur (très petit !) et même la traditionnelle bouilloire et les sachets de thé qui vont bien ! Bon, il faut y monter, c'est sûr : pas d'ascenseur et l'équivalent de 4 ou peut-être 5 étages... Ah, c'était donc ça ! Mais les marches ne nous font pas peur.

Il nous reste du temps pour aller explorer Cardiff Bay; nous y allons à pied, bien que ce soit à 2 bons kilomètres du centre. Je connais bien ce quartier où j'avais emmené des lycéens visiter le Parlement du Pays de Galles, édifice moderne et respectueux de l'environnement, alliant le verre, l'ardoise et le bois. C'est l'ancien quartier des docks, réaménagé en quartier de loisirs. Au milieu du 19e siècle, quand l'exploitation minière battait son plein, c'est d'ici que partait le charbon qui faisait la richesse du pays. A cette époque, Cardiff était considéré premier port du monde, étonnant, non ? Aujourd'hui les bâtiments historiques sont entretenus mais quelque peu noyés parmi les édifices modernes : le Parlement, le Millenium Centre (salle de spectacle), l'hôtel 5 étoiles qui héberge, entre autres, les équipes internationales de rugby qui viennent jouer au Millenium Stadium (celui-ci se trouvant en plein centre ville) et bien sûr un déluge de bars, terrasses de brasseries, boutiques, tous appartenant à des chaînes commerciales et qui ont trouvé ici un espace accueillant. J'aime bien l'ambiance, j'aime bien ce mélange, mais Eric est déçu; je lui avais décrit cet endroit comme un lieu convivial et il espérait quelque chose de plus authentique, plus tourné vers la mer surtout. Là, sous un ciel qui tourne au gris plombé, il trouve que ce n'est pas aussi agréable que ce qu'il a aperçu du centre et préfère qu'on aille dîner ailleurs. Qu'à cela ne tienne, un bus et hop ! nous voilà de retour dans le quartier piéton, animé lui aussi de terrasses de cafés, et justement c'est l'heure de l'apéro... Nous trouvons notre bonheur et apprécions réciproquement une demi-pinte de Guinness (il est raisonnable) et moi un verre de vin blanc. Comme il faut profiter des avantages d'une ville, nous cherchons et trouvons un restaurant indien. Ah le bon curry ! Eric a choisi le sien avec du poisson et moi de l'agneau; épicé comme il faut, pas trop, parfumé, copieux, un vrai régal ! De quoi passer une bonne nuit, l'estomac bien lesté.

Cardiff Bay : le Parlement et un bâtiment datant de l'époque dorée des armateurs

Cardiff Bay : le Parlement et un bâtiment datant de l'époque dorée des armateurs

Salle de spectacle

Salle de spectacle

Terrasses de cafés et restos à Cardiff Bay

Terrasses de cafés et restos à Cardiff Bay

Vue d'ensemble de Cardiff Bay; j'ai triché, c'est une photo de mes archives de voyages scolaires !

Vue d'ensemble de Cardiff Bay; j'ai triché, c'est une photo de mes archives de voyages scolaires !

Mercredi matin, nous nous réveillons sous la pluie. Enfin, la météo de la télé nous le dit, car dans la chambre il ne pleut pas ! Pas de regret d'avoir pris nos vestes de quart, nous allons être parés pour une promenade plus qu'humide. Après le Full English Breakfast, comprenant eggs and bacon naturellement, nous allons visiter le château de Cardiff. C'est une folie que ce château ! Il a toutes les apparences d'une forteresse médiévale, mais c'est du faux : vers 1870, le troisième marquis de Bute, homme le plus riche de Grande Bretagne grâce à l'exploitation du charbon, décida de rénover et d'agrandir le château existant en lui donnant cette apparence néo-gothique. Sur le site demeurent la motte féodale et les restes authentiques du donjon de pierre du 11e siècle; mais les remparts ont été reconstruits, avec des fantaisies comme une porte fortifiée qui témoigne de l'occupation romaine. Et le château, qui avait l'apparence d'un manoir Tudor, avec des pièces plutôt claires et sobres, s'est vu ajouter une tour de l'horloge et des vitraux, tandis que les pièces de vie étaient couvertes de boiseries sombres et très surchargées, dans un style victorien et faux moyenâgeux tout à fait surprenant. En même temps l'architecte a utilisé tout ce que la technologie de l'époque pouvait apporter de confort moderne : éclairage électrique, chauffage central (bien dissimulé sous les carrelages et dans les meubles), eau courante et salles de bain... Un mélange étonnant et un coût exceptionnel à l'époque, mais qu'importe, il fallait briller ! Dans ce palais extraordinaire, la famille du Marquis de Bute venait séjourner à peine quelques semaines par an, car bien sûr ils avaient d'autres demeures tout aussi luxueuses. En 1920 cependant le château a été donné à la ville de Cardiff qui l'a utilisé à diverses fonctions avant d'en faire cette vitrine de la démesure d'un richissime marquis. Ce musée-là est payant et même assez cher, environ une quinzaine d'euros. Nous avons tous les deux bien apprécié cette visite, et comme le temps est vraiment pluvieux c'était une bonne idée de se mettre à l'abri.

Cardiff Castle : le donjon normand du 11e siècle

Cardiff Castle : le donjon normand du 11e siècle

Le château et la ville de Cardiff vus du haut du donjon !

Le château et la ville de Cardiff vus du haut du donjon !

L'intérieur somptueux (mais il faut aimer !) du château.

L'intérieur somptueux (mais il faut aimer !) du château.

Nous poursuivons notre balade dans le centre-ville, qui offre de nombreux passages couverts rappelant assez ceux que l'on peut voir à Paris car ils datent de la même époque. Je trouve une petite boutique qui vend la spécialité galloise en matière de pâtisserie : des Welsh cakes tout chauds ! Imaginez un mélange entre le scone et le pancake : c'est une galette assez épaisse, avec des raisins ou des pépites de chocolat, que l'on cuit sur une plaque avec du beurre. Miam ! Le shopping n'est pas trop notre tasse de thé mais il y a de quoi déambuler d'une rue à une autre, et nous passons d'un immense centre commercial (pas très original, un genre Nantes Atlantis en 3 ou 4 fois plus vaste) à la bibliothèque qui est bien sûr ouverte au public. Nous y trouvons la preuve du multiculturalisme britannique : le rayon des livres de langue étrangère est impressionnant ! Des mangas et recueils de poésie en japonais, romans et magazines en urdu, hindi, tamoul, farsi, sans parler des livres en langues européennes bien moins exotiques. Quelquefois le dépaysement n'est pas là où on l'attend.

Tant qu'à faire de tester l'exotisme, nous allons déjeuner dans un restaurant de la chaîne Wagamama. Je ne sais pas s'il y en a parmi mes lecteurs qui connaissent ? Personnellement j'avais repéré cette marque à Londres où il y en a plusieurs; c'est de la cuisine d'inspiration japonaise, avec un côté branché et intergénérationnel. Particularités : on est assis à des tables qui évoquent plus la cantine que le restaurant cosy; le personnel, ce sont des jeunes de toutes origines apparemment, sans doute des étudiants qui travaillent là comme en France on a un petit job chez MacDo; la cuisine se fait à des comptoirs, sous nos yeux... et ça sent bon ! La carte est assez énigmatique, il nous faut un peu d'aide pour passer notre commande. D'abord nous partageons une assiette de crevettes frites, un peu comme des beignets; ensuite Eric a pris des Ramen, nouilles asiatiques servies dans un grand bol de bouillon (plutôt épicé !) avec des légumes inconnus, genre blettes ou chou chinois, et un beau morceau de poisson. Il se régale. De mon côté j'ai commandé un plat comportant du riz gluant (délicieux) des carottes râpées, des oignons verts, une sorte de salade inconnue aussi, et un effiloché de viande de boeuf très bien assaisonné; c'est un plat chaud malgré les crudités, et il est servi avec des pickles (légumes croquants au vinaigre). Déjà bien calés par ces plats assez copieux, nous trouvons tout de même une petite place pour le dessert, mais en changeant d'endroit. Un coffee shop dans un petit passage couvert, où le carrot cake tout à fait authentique me ravit, avec bien sûr a pot of tea ! Earl Grey, please. Eric n'aime pas le thé, quel dommage ! Mais le capuccino, ça lui va.

Un joli passage couvert, Castle Arcade

Un joli passage couvert, Castle Arcade

Après ces agapes, il ne nous reste plus qu'à revenir à la gare et prendre notre train. Nous avons bien fait de réserver nos places, c'est bondé ! Tout au long du parcours de retour nous écoutons les gens autour de nous, qui bavardent volontiers entre eux, même sans se connaître, mais hélas pas avec nous. On entend un peu de gallois aussi, c'est amusant.

Et nous revenons à Neyland sans difficulté, enchantés de notre petite escapade. Alkinoos est bien sage à son ponton, il nous attend pour repartir dès demain. La marina c'est bien quand on en a besoin, mais vive le large !

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