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Des paradis qui nous laissent froids...

Saint-Barth, à peine entrevue, Saint-Martin, une escale rapide. Ces deux îles ne nous ont pas convaincus. Nous avions peut-être trop d'a priori ? Pour une fois, ça va faire un article plus court !

Lundi 10 Avril, les premiers rayons du soleil éclairent la plage de Barbuda, et nous nous levons avec eux, soit vers 5h 30. Pour une fois, nous ne prenons pas notre petit-déjeuner avant de lever l'ancre mais partons rapidement vers le large. En effet, nous avons une traite de 60 milles à parcourir au vent portant faible, donc la navigation promet d'être plutôt lente mais confortable, ce qui nous permet de déjeuner tranquillement à la table du carré.

Effectivement le vent attendu est là : 15 nœuds d'Est à Sud-Est, nous avançons à 5 nœuds de moyenne environ. Éric se fait le plaisir d'envoyer le spi, ce qu'il n'avait pas fait depuis l'an dernier ! (entre Marie-Galante et les Saintes, avec Hélène et Yann). Brave vieux spi de 50 ans, aussi vieux que le bateau, passablement décoloré mais toujours fidèle au poste.

Des paradis qui nous laissent froids...

Peu après 17h nous arrivons devant le port de Gustavia, sur la côte Ouest de Saint-Barth. C'est le seul endroit où faire l'entrée, mais c'est aussi le plus encombré, et ce n'est pas une vue de l'esprit. Très au large, des yachts de toutes tailles (tous gros) sont mouillés et plus près de la côte un immense champ de bouées semble afficher complet. Où allons-nous trouver une petite place pour mouiller notre ancre ? Peut-être de l'autre côté du large chenal emprunté par de multiples embarcations à moteur de toutes sortes... On a l'impression d'être des piétons attendant le feu vert pour traverser dans les clous... Finalement de l'autre côté c'est tout aussi encombré mais il y a moyen de s'installer entre les autres voiliers. C'est serré ! Les voisins ne sont pas des bateaux de luxe, il y en a même quelques-uns qui semblent assez délabrés. Le mouillage, lui, se révèle très inconfortable : déjà rouleur et clapoteux par nature, il souffre du passage constant de tous ces gens pressés qui se déplacent à grande vitesse dans le chenal : ils sont certainement attendus sur tel ou tel yacht et n'ont pas une seconde à perdre. Oh là là, qu'est-ce qu'on est venus faire dans cette galère ? Je regarde le paysage, m'efforçant de lui trouver un intérêt ; il faut bien qu'il en ait pour rameuter autant de monde ! Mais non, je ne vois pas : les collines qui nous surplombent sont parsemées de propriétés luxueuses à n'en pas douter, même si on ne peut en apercevoir que les toits élaborés, les murets de terrasses, la végétation ornementale et les éclairages sophistiqués à mesure que la nuit tombe. C'est certain, il n'y a ici que des villas de milliardaires ou des hôtels de très grand standing. Nous commençons à regretter d'être venus ici quand nous lisons sur un forum que la nuit au mouillage est payante, même sur ancre, de l'ordre de 26€ pour un bateau comme le nôtre. Si nous allons à terre demain matin faire l'entrée, il nous faudra sûrement louer une voiture pour explorer l'intérieur de l'île qui semble jolie mais trop vaste pour la découvrir à pied. Et puis flûte, ça ne nous intéresse pas d'aller voir la tombe de Johnny, et on n'en a rien à faire des restaurants raffinés ou des boutiques hors de prix, c'est pas notre truc, quoi. On va garder nos sous pour autre chose. Allez hop, c'est décidé, on dort ici une nuit et on se barre sitôt le petit-déjeuner avalé. Adieu Berthe, euh, non, Saint-Barth !

Mouillage embouteillé de Gustavia

Mouillage embouteillé de Gustavia

Sans regrets, on se sauve !

Sans regrets, on se sauve !

Un parmi d'autres...

Un parmi d'autres...

Nous voilà donc partis pour Saint-Martin qui est très proche, une vingtaine de milles. Nous en approchons par le Sud et longeons toute la côte néerlandaise. Eh oui, Saint-Martin a la particularité d'appartenir à deux pays, la France et les Pays-Bas. La frontière entre les deux zones existe sur le papier (et dans la réalité aussi) mais on passe d'une partie à l'autre sans aucune formalité de douane. Mais j'anticipe, pour le moment nous nous contentons d'observer aux jumelles le port de Philipsburg où pas moins de cinq paquebots sont à quai (et des gros !) L'urbanisation semble très forte, les immeubles nombreux et pas vraiment gracieux. Comme Saint-Barth, l'île a du relief et ses collines sont relativement vertes, mais la côte ne présente que des plages dépourvues de cocotiers et des constructions en rangs serrés. Bof bof ! (désolée pour ce commentaire, peu élaboré mais révélateur de nos impressions...)

Cinq grosses bêtes dans le port...

Cinq grosses bêtes dans le port...

La côte de Sint Maarten

La côte de Sint Maarten

Petit incident de communication en cours de route : Éric se voit taxé de 60€ par son opérateur de téléphone. Ah mais oui, bon sang, on s'est encore fait avoir comme au Cap Vert ! En arrivant à Saint-Barth hier soir nous avons retrouvé le réseau français puisque ça fait partie de la Guadeloupe, et nous avons activé nos forfaits. Pensant naïvement que ça se prolongerait jusqu'à Saint-Martin, nous n'avons pas désactivé nos données mobiles en partant ce matin. Et voilà que nous sommes à portée du réseau néerlandais auquel nous ne pouvons pas prétendre gratuitement avec nos abonnements. Heureusement, alertée par le juron d'Éric, j'ai eu le temps de couper ma connexion et j'évite les frais. Bon, mais du coup nous voilà sans téléphone pour le moment.

Poursuivant notre route, nous passons devant Maho Beach, un endroit célèbre dont on peut voir des vidéos sur Youtube. C'est une plage située au bout de la piste d'atterrissage de Princess Juliana Airport, l'aéroport international de la zone néerlandaise. Et tous les avions survolent cette plage à basse altitude puisqu'ils sont sur le point de se poser, ce qui procure des sensations aux très nombreux badauds venus les attendre : ils ont tout simplement l'impression que l'avion leur passe au ras de la tête ! C'est faux naturellement, ils ne courent aucun danger, mais quand c'est un gros Airbus qui se pose, les frissons sont garantis.

Maho Beach, pleine de monde...

Maho Beach, pleine de monde...

Nous arrivons bientôt devant le bourg de Marigot, dans la partie française cette fois. Il y a beaucoup de voiliers ici aussi, mais bien moins qu'à Saint-Barth, et le mouillage est très vaste, nous avons de l'espace. Nous sommes mardi 11 Avril, et dans une semaine tout juste nos amis Christian et Cécile viendront nous rejoindre ici pour passer une grande semaine de vacances à notre bord. L'escale écourtée à Saint-Barth nous a donné un peu d'avance et nous allons pouvoir nous préparer tranquillement pour leur arrivée.

Quand nous débarquons avec notre annexe (qui fait encore une fois sensation avec sa voile au milieu de tous les pétaradants moteurs hors-bord) nous découvrons une agglomération visiblement touristique qui ne nous séduit pas vraiment, mais n'est pas aussi horrible que nous avions pu entendre dire. Oui, il y a un marché de souvenirs et pas de marché d'alimentation en produits locaux, oui il y a des voitures partout, au point que la rue peut être difficile à traverser, oui il y a des bars et des restaurants plus nombreux que nécessaire et fréquentés par des américains bruyants, mais enfin, ce n'est pas non plus la Côte d'Azur en pleine saison. On découvre même, au fil de nos balades, que les bâtiments sont loin d'être tous en bon état, les trottoirs sont parfois bien délabrés, les gens (de couleur) ne se déplacent pas tous en voiture mais avec les minibus habituels des Caraïbes, bref on n'est pas au pays du Bling-bling à tous les niveaux. Mais c'est un vrai petit coin de France, les banques, pharmacies, boulangeries et Super U !!! nous le prouvent bien. On y parle français, donc, mais tout autant anglais (je devrais plutôt dire américain) et tous les habitants semblent parfaitement bilingues, voire trilingues car on entend aussi du créole. Nous pouvons le vérifier dans tous les commerces, chez le shipchandler comme au supermarché, le moindre employé est tout aussi à l'aise dans une langue que dans l'autre. On paye en dollars US autant qu'en Euros, et dans beaucoup d'endroits on ne s'encombre pas de calculs compliqués pour le taux de change : on peut lire "1$ = 1€" et puis c'est tout. Voilà qui nous semble bien original pour un DOM, ça n'était pas comme ça à la Martinique ou en Guadeloupe (bien qu'administrativement Saint-Martin soit rattaché à la Guadeloupe).

De nombreuses traces du passage d'Irma sont encore visibles. C'est pourtant en 2017 que le cyclone a frappé, on pourrait penser que les dégâts ont été réparés après six ans. Non, tout n'a pas disparu, il y a des ruines de maisons ici et là, des épaves de bateau s'accumulent dans les chantiers auprès du lagon intérieur, et chaque fois qu'on voit un chantier on se demande si c'est du neuf ou de la réparation. De fait, on a dû beaucoup reconstruire et la plupart des constructions semblent neuves. Un curieux mélange donc, pimpant dans l'ensemble mais désolant par endroits.

Une rue de Marigot, dominée par le Fort Saint-Louis

Une rue de Marigot, dominée par le Fort Saint-Louis

Jolie maison traditionnelle

Jolie maison traditionnelle

Une autre...

Une autre...

La gare routière, on y prend des minibus.

La gare routière, on y prend des minibus.

Aux petits détails, on voit qu'on est en France.

Aux petits détails, on voit qu'on est en France.

Le marché pour les touristes

Le marché pour les touristes

En ce qui me concerne, Saint-Martin est une escale très pratique. Je suis bien contente d'y trouver un Super U, bien achalandé de produits français arrivés par avion (des bulots, vraiment ?) à des prix très abordables, comme en métropole en fait. Le voyage par avion devrait augmenter terriblement les coûts, comme à la Martinique, mais étant donné qu'il n'y a pas de taxes, ça compense. C'est tant mieux pour tous les plaisanciers qui s'apprêtent à retraverser l'Atlantique vers la France, et ça fait de Saint-Martin une escale très prisée. Il y a donc également des laveries automatiques de bonne qualité et tous les services nécessaires.

Malgré tout, nous retrouvons avec difficulté la possibilité de téléphoner. SFR n'est pas présent ici, et Free ne capte que les réseaux étrangers de la zone néerlandaise ou d'Anguilla. C'est chez Digicel que nous finissons par trouver une solution sous la forme d'un abonnement sans engagement de durée. Beaucoup plus performant qu'une carte prépayée, il nous assure 100 Go de data, c'est très largement suffisant pour nos besoins. Nous pourrons aussi en profiter aux BVI, notre prochaine destination, et partager la connexion avec nos amis. Malheureusement, ça ne marchera pas aux USVI... mais à Aruba, si ! Ah, oui, BVI = British Virgin Islands et USVI, ce sont aussi les Îles Vierges, mais américaines, où nous irons ensuite.

Mardi 18, Christian et Cécile arrivent à Princess Juliana Airport en début d'après-midi. Nous prenons le bus pour aller les accueillir, c'est facile et rapide car les distances sont courtes. On passe dans la zone néerlandaise sans s'en apercevoir, sauf que très rapidement l'urbanisation s'intensifie et bientôt c'est une succession ininterrompue de commerces en tous genres, principalement de restauration et d'hôtellerie, qui évoque les États-Unis en mode bas de gamme. Des enseignes publicitaires omniprésentes, des voitures en surabondance, des fast-foods... berk ! Nous avions entendu dire que la zone néerlandaise était très urbanisée et qu'à Philipsburg les boutiques de luxe abondent, sans parler des casinos qui attirent les touristes en masse. Très peu pour nous, et maintenant que nos amis sont là nous allons vite quitter les lieux. Nous leur laissons le temps de se remettre du voyage et du décalage horaire, de prendre leurs marques à bord du bateau, de profiter de quelques bains de mer (elle est si bonne, paraît-il !) Mercredi, nous allons faire une petite balade au Fort Saint-Louis qui domine Marigot, le panorama en vaut la peine. Un déjeuner local dans un petit lolo du front de mer, plus bistrot que restaurant, et nous sommes prêts à naviguer. Mercredi soir, un peu avant le coucher du soleil, nous hissons les voiles, cap sur les Îles Vierges !

Un premier bain rafraîchissant pour nos amis... et Eric !

Un premier bain rafraîchissant pour nos amis... et Eric !

Joli point de vue sur le mouillage de Marigot depuis le fort.

Joli point de vue sur le mouillage de Marigot depuis le fort.

A bientôt !

A bientôt !

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