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Baja California norte !

Que c'est long, cette péninsule de Basse Californie ! Nous avançons à pas de tortue... marine ! Et puis ça devient difficile de trouver l'inspiration pour décrire une navigation un peu monotone. Ce n'est plus un journal de bord : ce que je raconte maintenant, ce sont plus les anecdotes du quotidien qu'une histoire de bateau !

Mais reprenons le fil du voyage. Nous quittons Puerto Magdalena vendredi 15 Mars, dès 6h30. Sans surprise, nous progressons au moteur, sans vent toute la journée, la nuit et aussi samedi matin. Puis la brise de mer se lève, une habitude quasi-quotidienne, et nous devons nous arrêter au mouillage pour la nuit car nous ne pouvons pas lutter contre 15 à 18 nœuds de vent de face. Nous sommes devant la baie de San Hipolito, abri possible. Dans un paysage désertique, il y a une dizaine de maisons qui semblent inoccupées, perchées un peu au-dessus de la plage. Deux barques mouillées sur des corps-morts. Bien que de gros spots s'allument à terre quand la nuit tombe, nous ne voyons pas un chat. Nous en concluons que ces lumières sont destinées à guider des pêcheurs qui voudraient rentrer de nuit dans la baie. Le phare de la pointe, lui, ne fonctionne pas.

 

Quelques maisons, un gros spot...

Quelques maisons, un gros spot...

San Hipolito, village désert.

San Hipolito, village désert.

Après une nuit calme, nous repartons dimanche pour parcourir en 4h les quelques vingt milles qui nous amènent à Bahia Asuncion. Cette fois on peut voir davantage de constructions, mais ça n'a pas l'air d'une grande ville. Cependant il y a de belles antennes de communication... qui ne nous donnent pas de réseau pour autant. Nos téléphones restent muets.

Bahia Asuncion, pas la grande ville non plus

Bahia Asuncion, pas la grande ville non plus

Baja California norte !

Alors que nous nous approchons du seul voilier au mouillage, un jeune homme qui pêche sur son Zodiac nous accueille et se présente : il s'appelle Lery, il habite dans ce village et le voilier voisin est à lui. Il a donc de l'affinité pour les voileux auxquels il propose ses services pour tout ce dont ils peuvent avoir besoin. En ce qui nous concerne, il nous faut du diesel (encore !) et un peu de connexion ne serait pas de refus. Il nous emmène dans son dinghy et nous indique le restaurant de son oncle où nous pourrons déjeuner tout en profitant du Wifi. Un peu de marche à pied n'est pas pour nous déplaire ! Il fait beau, grand soleil et ciel tout à fait bleu, mais c'est à peine suffisant comme température. Les maisons ne semblent pas posséder de chauffage : aucune cheminée en vue sur les toits. Nous identifions une école, plutôt récente et bien construite, avec un terrain de basket protégé du soleil par une sorte de préau. Les trottoirs sont en bon état, c'est un bon point. Mais pas un brin d'herbe, pas la moindre verdure, du sable partout... Lorsque nous apercevons des arbustes, ce sont des palmiers poussiéreux et rachitiques. Il ne doit pas pleuvoir souvent ici... Nous sommes les seuls clients du restaurant tenu par une dame très sympathique ; la cuisine est locale : des nachos pour grignoter, des tortillas en guise de pain, mais les légumes verts, on les oublie... Nous avons choisi du poulpe à la crème de chipotle (préparation à base de piment japaleno), c'est bon mais un peu piquant. Petit détail amusant : pas de couteau ni de verre ici (c'était pareil à Puerto Magdalena) car notre boisson nous est servie en cannette, et le plat se mange à l'aide de la fourchette et de la tortilla !

Pendant le repas, Éric charge les fichiers météo pour les prochains jours. Les nouvelles ne sont pas formidables : nous allons pouvoir progresser un peu mais un coup de vent est en route et nous empêchera bientôt de remonter plus nord. Nous risquons même d'être coincés plus d'une semaine... La question est de savoir où nous serons le mieux pour patienter. Nous allons y réfléchir. La difficulté de l'accès à Internet nous ennuie aussi, mais la dame du restaurant peut nous vendre une carte SIM. Nous nous connectons au réseau Telcel, le seul relayé ici, ainsi depuis le bateau nous garderons un œil sur les prévisions météo.

Lery revient nous chercher et nous emmène à la station-service puis faire quelques petites courses. Après quoi nous embarquons les jerrycans dans son annexe et il nous ramène à bord. Voilà une bonne chose de faite.

Lundi 18 nous restons à bord et observons trois voiliers arrivés hier soir ou dans la nuit : deux américains et un japonais ! Nous faisons la connaissance de l'équipage de Mother Ocean, des jeunes gens qui s'arrêtent pour nous parler. Dans la soirée l'un d'entre eux, Albie (il se prénomme Albert) vient à bord pour bavarder. Il est très intéressé par notre voyage, surtout que nous allons vers San Francisco : il en est originaire, sa famille y vit. C'est un jeune homme ouvert et sympathique, avec qui nous avons une conversation très agréable. Lui-même a un voilier à Los Angeles, et bien qu'informaticien de formation c'est le cinéma qui le passionne, il souhaiterait en faire son métier. Il n'a que 29 ans ! Il nous assure que ses parents seraient ravis de nous rencontrer à San Francisco. Si ça continue, on va avoir un sacré comité d'accueil : Bobby s'est déjà proposée pour nous y servir de guide (Monterey n'est pas si loin) ; Neil, rencontré plus au sud, pourrait bien s'y trouver ; et maintenant les parents d'Albie !

Mais à San Francisco, surtout, nous avons rendez-vous avec nos amis Christian et Cécile qui étaient venus nous voir aux BVI l'an dernier. Ils ont pris leurs billets d'avion pour le 22 Avril, soit dans cinq semaines tout juste. Lorsque nous avons convenu du lieu et de la date, vers la fin Janvier, nous pensions que nous y serions largement dans les temps. Nous ne réalisions pas, à ce moment-là, que remonter la côte du Mexique serait aussi laborieux. Mais aussi, quelles distances ! Depuis notre première escale mexicaine, le 27 Janvier, et jusqu'à l'endroit où nous sommes, cela fait plus de 1500 milles ; imaginez approximativement une navigation depuis la Vendée jusqu'au nord de la Norvège. Et pour atteindre San Francisco, il nous reste un peu plus de 800 milles, comme si nous allions de Vendée jusqu'à Madère. C'est impressionnant mais en fait ce n'est pas la distance qui pose problème : si nous avions du vent permettant une navigation continue, nous en viendrions à bout en quelques jours. Non, le handicap c'est bien d'être obligés de s'arrêter régulièrement dans l'attente du calme relatif qui nous permet d'avancer. Mais ne perdons pas courage !

Nous avons atteint l'état de Basse Californie du Nord

Nous avons atteint l'état de Basse Californie du Nord

En attendant, nous prenons notre décision : nous partons de Bahia Asuncion ce mardi matin. La météo prévoit du temps calme pour deux petites étapes supplémentaires avant l'arrivée du vent fort. Côté températures, c'est vraiment frais. Ce matin, il faisait 15° dans le carré quand nous nous sommes levés. Le minimum de la nuit, à l'extérieur, était de 12 ! Hier, j'ai ressorti des coffres les pulls, les pantalons, T-shirts à manches longues, sans oublier les chaussettes ! En contrepartie, j'ai rangé les robes d'été, les maillots de bains, les shorts... Nous avons l'impression d'aller à l'inverse du calendrier.

Mouillage à Bahia Tortugas

Mouillage à Bahia Tortugas

Quand nous regardons quelles températures sévissent actuellement plus au nord, nous nous disons que ce n'est pas si mal de traîner un peu (par la force des choses) car à San Diego aujourd'hui on annonçait de 10 à 15°... Le printemps va venir bien sûr, et peut-être qu'Avril fera gagner quelques degrés ? Mais nous savons aussi que, sur cette côte, le courant froid qui fait le bonheur des otaries nous tiendra au frais un bon moment. Allons-nous bientôt allumer le poêle à bois ?

Peut-être pas ! Après un arrêt très bref à Bahia Tortugas, notre nouvelle escale, sur l'île de Cedros, nous réserve une surprise : il y fait plus chaud qu'ailleurs ! Mercredi midi, quand nous entrons dans le petit port, où il y a juste assez de place pour mouiller en plein milieu, la couleur de l'eau nous charme. Elle est du joli bleu turquoise que nous aimions à Aruba ou ailleurs, mais que nous avons moins rencontré récemment. Devant nous l'île est montagneuse et son relief nous coupe le vent du nord-ouest. D'où la température nettement plus agréable.

Arrivée sur l'île de Cedros

Arrivée sur l'île de Cedros

Un site de stockage de sel, au sud de l'île

Un site de stockage de sel, au sud de l'île

Le port est proche.

Le port est proche.

Nous regardons tout autour de nous. Le port est bien protégé, fermé au sud-est par deux digues de pierres. L'une d'elles se prolonge par un quai en béton où sont amarrés deux bateaux de pêche et la vedette des garde-côtes. Une estacade s'avance depuis le centre, longue jetée de hauts piquets métalliques. Le village s'étale en remontant les pentes. Au premier regard, la sécheresse semble sévir ici aussi : très peu d'arbres, quelques rares traces de verdure ici ou là, mais c'est maigre...

Le quai en béton

Le quai en béton

L'estacade

L'estacade

Un petit peu de vert par-ci par-là

Un petit peu de vert par-ci par-là

Nous descendons à terre pour aller faire une entrée à la Capitania (il faut bien se mettre en règle avec les autorités) et nous découvrons que les gens d'ici sont aussi gentils que ce qu'Albie nous en a dit : il venait d'y faire escale quand nous l'avons rencontré. Les pêcheurs nous font une petite place pour que nous débarquions, un homme s'enquiert de notre destination et nous propose de nous y emmener dans son pick-up. Ouf, ça c'est un sacré coup de chance, car la Capitania est située tout en haut du village, jolie grimpette ! Nous faisons les formalités comme ailleurs, c'est-à-dire que ça prend du temps... mais nous obtenons sans difficulté le droit de rester ici tant que la météo le commandera, peut-être jusqu'à la fin du mois de Mars.

La Capitania, bâtiment en bon état

La Capitania, bâtiment en bon état

Nous explorons les lieux en redescendant vers le port. Eh bien, pour de l'authentique, nous sommes servis. Ici, rien n'est aménagé pour d'éventuels touristes, c'est un vrai bourg mexicain sans fard. Et ça nous laisse songeurs... La rue principale est empierrée, pour les deux autres c'est de la terre. Les trottoirs ? À peu près inexistants, ou bien ils ont existé mais il n'en reste que des tronçons entre des talus. L'école est en bon état, entourée d'un grillage qui n'a pas de brèche. Aucune maison n'a l'air terminée ; si elle est enduite et peinte, le mur de clôture ne l'est pas. Mais la plupart sont bien trop délabrées pour qu'on envisage même une clôture. Des terrains vagues, couverts de carcasses de voitures, semblent attendre un garage ou un atelier de démolition, mais on ne voit aucune trace d'activité de ce genre. Nous cherchons les magasins... ah, oui, peut-être que cette porte donne sur une supérette ? Le mot semble exagéré, enfin ça pourrait être un commerce d'alimentation, mais rien ne l'indique. Pourquoi faire ? Les gens doivent bien le savoir. Des détritus, vieux pneus, déchets en tous genres paraissent abandonnés sur place depuis des années. Nous apercevons les deux clochers d'une église, il faudra aller voir par là... De l'autre côté du village on dirait que les maisons sont plus neuves, là aussi nous irons vérifier. Car enfin, il doit bien y avoir un restaurant, une place, un lieu plus agréable où se rencontrer ? Pour le moment, rien vu de ce genre. En arrivant au port, nous constatons qu'un effort a été fait (quand ? il y a vingt ans ?) pour aménager le Malecon, c'est-à-dire un front de mer, une sorte de remblais, un paseo. Plusieurs parasols bordent le trottoir ; ils sont faits en contreplaqué et certains sont en état de ruine certaine. Une structure métallique rouillée supportait certainement un toit depuis longtemps disparu. Enfin l'estacade, interdite à qui que ce soit, mais fréquentée par les pêcheurs, semble proche de l'effondrement.

En redescendant par la rue principale...

En redescendant par la rue principale...

L'école vue à travers le grillage de clôture

L'école vue à travers le grillage de clôture

Baja California norte !
Des maisons en bon état

Des maisons en bon état

Le remblai et ses parasols

Le remblai et ses parasols

L'estacade en piteux état

L'estacade en piteux état

Nous sommes un peu perplexes, mais l'atmosphère n'est pourtant pas pesante du tout. Le manque d'activité nous frappe, pas de gens qui travaillent si ce n'est de rares pêcheurs qui vaquent tranquillement à leurs affaires, l'air jovial. Pas de bruit non plus, même pas de musique tonitruante ! Quelques chiens qui aboient par moments, les mouettes qui crient, et c'est tout. Il fait beau, pas trop chaud, l'air est léger : on a l'impression d'être au printemps, aux Canaries peut-être (avant le tourisme).

Alkinoos, seul voilier dans le port

Alkinoos, seul voilier dans le port

Voilà nos premières impressions de Cedros. La connexion Internet étant ce qu'elle est, je me demande bien comment je vais faire pour publier mon article. Sans doute grâce au Wi-Fi d'un restaurant, si nous arrivons à en trouver un. Mais nous avons un atout : Albie nous a donné les coordonnées de Vale, un brave homme du coin qui nous rendra certainement de grands services, à commencer par nous faire approvisionner en eau potable. Nous découvrirons peut-être des trésors cachés ?

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F
Un mouillage bien abrité et gratuit... pas mal pour attendre que les conditions s'améliorent !<br /> Il y aura peut-être un peu plus d'animation le prochain week-end, Pâques, tradition chrétienne ?<br /> Vous ne devriez pas manquer de bon poisson.<br /> Continue de raconter, Isabelle, c'est toujours intéressant !
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Effectivement, nous ne sommes pas mal du tout. Mais normalement nous serons partis pour le week-end de Pâques. Et les pêcheurs, eh ben cette semaine ils ont pris des vacances !
N
En lisant ton récit, j’ai une musique qui me vient en tête, semblable à celle des westerns, quand les cow boys arrivent dans un village abandonné 🤣🤣🤣
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Ah mais nous, on sifflote du Ennio Morricone en permanence ! :)