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Bye bye les Tropiques !

Le tropique du Cancer, c'est 23°30' de latitude Nord. Entre Cabo San Lucas (22°53') et Bahia Magdalena (24°39') nous franchissons ce parallèle. Ça y est, nous quittons la zone tropicale.

Plusieurs signes ne trompent pas. Déjà, ça fait un moment que nous mettons une petite laine pour la soirée, que nous fermons les toiles du cockpit, que nous nous glissons sous la couette avec plaisir. Et pendant cette petite navigation, nous renouons avec des choses oubliées : le ciel est couvert une grande partie de la journée de samedi et pendant toute la nuit... Fraîcheur de la brise, absence d'étoiles, ce n'est plus la même ambiance. Nous gardons le cockpit fermé jusqu'à notre arrivée au mouillage, malgré le retour du beau temps, parce que, ma foi, il ne fait pas trop chaud ! Éric a ôté les "covers" (les toiles qui couvrent nos panneaux pour nous protéger du soleil) car maintenant nous recherchons ses rayons. D'ailleurs, les panneaux, ils sont de moins en moins souvent ouverts... Nous nous préparons à l'idée que, dans quelques semaines, il va pleuvoir et faire nettement plus froid, du genre 15°... Brrr ! Ne vous moquez pas, ça paraît une température clémente, mais en mer ça demande de se couvrir. Et puis nous ne sommes plus habitués, il va falloir s'y faire peu à peu.

Mais c'était prévu ! Ce n'est pas pour rien que nous avons installé un poêle à bois dans le carré, en plus de la chaudière au gasoil qui nous a tenu chaud en Écosse. Déjà 5 ans ! Il pleuvait et quand il faisait 15° nous étions contents. Entre Avril et Octobre, nous avions pu nous passer du chauffage pendant deux semaines seulement. Pourtant ça nous avait beaucoup plu. Nous nous attendons au même genre de climat en Colombie Britannique ou en Alaska l'année prochaine. Il y a des vêtements chauds à bord, et si ça ne suffit pas nous achèterons ce qu'il faut !

Mais revenons à cette petite navigation. Partant de Cabo San Lucas de bonne heure samedi matin, nous contournons la pointe rocheuse, dorée par les rayons du soleil levant. Nous sommes escortés (ou plutôt dépassés) par de nombreuses vedettes de pêche au gros qui font la même route que nous pendant deux ou trois heures avant de rebrousser chemin, toujours à toute vitesse.

Adios Cabo San Lucas !

Adios Cabo San Lucas !

Comme Etretat, mais en plus petit.

Comme Etretat, mais en plus petit.

Passage de la pointe en compagnie de bateaux de pêche

Passage de la pointe en compagnie de bateaux de pêche

Nous sommes contents que, malgré le vent fort des jours précédents, la mer soit assez calme et la houle modérée. Bien sûr, le peu de brise qui souffle est de face, mais nous faisons route au moteur sans problème. Quelques vagues arrosent un peu l'avant du pont, des embruns atteignent le pare-brise, mais ça va. La journée se déroule tranquillement et nous avons le plaisir, en fin d'après-midi, de voir de près une baleine à bosse. Nous passons à moins de 100m d'elle, mais ça lui indiffère complètement. Elle est fort occupée à frapper l'eau de ses grandes nageoires pectorales ou de sa queue. Nous pouvons cette fois bien l'observer et remarquer que la face inférieure de sa caudale est blanche (comme le signale notre livre d'identification des mammifères marins, cadeau fort utile de nos biologistes marins préférés). Elle nous gratifie aussi de deux ou trois sauts gigantesques, où elle sort presque entièrement de l'eau pour retomber sur le dos. Heureusement que nous ne sommes pas trop près quand même, on aurait un peu peur ! La baleine à bosse peut mesurer jusqu'à 18 m et peser jusqu'à 40 t : il est préférable de garder ses distances...

Documentation fournie par notre livre...

Documentation fournie par notre livre...

Exactement ce qu'on a vu !

Exactement ce qu'on a vu !

L'arrivée de la nuit me peine un peu, car sans lune ni étoiles le ciel va être bien sombre. Mais non : derrière nous le halo de Cabo San Lucas est toujours visible, et devant nous, sur tribord, celui de la Paz va durer toute la nuit. Pourtant nous sommes à plus de 100 km de ces deux villes ! C'est dire si la pollution lumineuse est importante... Bon, c'est vrai, il n'y a pas d'étoiles à admirer cette nuit. Mais s'il y en avait, hein ? Il n'y a pas beaucoup de bateaux à surveiller non plus, mais pendant nos quarts nous apercevons quand même chacun un chalutier ou long-liner : on peut distinguer quelques points lumineux dans leur sillage, ce qui indique qu'ils traînent un engin de pêche. Pas de cargo à l'AIS.

Quand le jour se lève (et moi aussi) la couverture nuageuse reste dans le sud alors que vers le nord c'est un beau ciel bleu qui nous attend. Plus de vent, la mer est sage et notre navigation tranquille. Notre route s'est éloignée de la côte pendant la traversée d'un golfe et on ne voit plus aucune terre à l'horizon, jusqu'à l'apparition d'une île.

Santa Margarita à l'horizon

Santa Margarita à l'horizon

C'est amusant, car bien sûr c'est de la côte que nous approchons, mais elle est basse à cet endroit et il y a bien plusieurs îles qui la bordent. Nous atteignons la pointe sud de la première vers 11 h puis nous la longeons jusque vers 15 h, au moment où s'ouvre une large entrée sur Bahia Magdalena. Il y a deux endroits où nous pouvons faire escale dans cette vaste baie : la ville de Puerto San Carlos, tout au fond, sur la côte de la péninsule, et le petit village de Puerto Magdalena situé sur l'île qui nous protège, sur bâbord, des vagues de l'Océan Pacifique. C'est là que nous jetons l'ancre dimanche en fin d'après-midi, juste devant le village, alors que deux autres voiliers ont mouillé loin, chacun à une extrémité du mouillage. Leur choix nous étonne, car il y a bien assez de place pour ne pas gêner les pêcheurs dont les corps-morts sont alignés devant la plage. Le goût de la solitude ?

Ah le soleil bas, ça éblouit !

Ah le soleil bas, ça éblouit !

Puerto Magdalena

Puerto Magdalena

Bahia Magdalena

Bahia Magdalena

En tout cas, nous mesurons immédiatement la différence entre cet endroit et Cabo San Lucas d'où nous arrivons : ici, c'est caaaaalme ! Pas de voitures (peut-on compter les trois ou quatre véhicules que nous apercevons, alors qu'il n'y a visiblement pas de route sur cette île ?) pas de touristes en jetski, pas de sono braillarde... Ça va être reposant.

Bon, il n'y a pas de réseau internet non plus... Impossible d'envoyer le moindre message. Mais à terre, il y aura bien du Wifi dans un bistrot. Aussi, lundi matin, après une nuit silencieuse (même pas de coqs !) Éric met l'annexe à l'eau et nous débarquons en quelques coups de rame. Une gentille chienne nous souhaite la bienvenue et nous accompagne jusqu'au premier restaurant. Premier mais on dirait bien qu'il n'y en a pas des dizaines... Nous sommes reçus avec le sourire par le patron, Jose, avec qui nous bavardons un petit moment. Éric s'informe sur la possibilité d'acheter du gasoil. Oui, c'est possible, bien que cher : le prix du litre est correct (26 Pesos comme ailleurs) mais il faut dédommager le livreur qui va aller chercher le carburant à San Carlos en barque à moteur. Nous hésitons un peu... mais nous n'avons pas très envie d'aller jusqu'à San Carlos. Outre que cela rallongerait la route au moment de repartir, le mouillage n'est pas très bien protégé et puis nous n'avons pas envie de retrouver l'agitation d'une ville. OK, nous acceptons le marché et Jose passe un coup de fil. Nous prenons place à une table et, tout en buvant un petit café, nous profitons du Wifi pour consulter nos messages et en envoyer.

Chez Jose

Chez Jose

On garde un oeil sur l'Alki...

On garde un oeil sur l'Alki...

Des os de baleine : mâchoire et vertèbres

Des os de baleine : mâchoire et vertèbres

Nous allons faire un petit tour du village... On ne peut pas aller bien loin, la piste s'arrête bientôt auprès de la station de dessalinisation. La végétation est quasi-inexistante. Les constructions sont très modestes, sans étage, parfois entourées de grilles délabrées, comme c'est le cas pour la crèche d'où nous voyons un bambin sortir en courant pour venir caresser la chienne qui nous accompagne toujours. Nous avons l'impression que c'est le seul enfant présent, gardé par une dame relativement âgée qui nous salue gentiment. Nous ne voyons personne d'autre s'activer et peu de maisons semblent habitables, c'est un village relativement désert. Alors que nous revenons vers le restaurant de Jose, celui-ci nous interpelle : le livreur de gasoil est déjà arrivé. Effectivement, un jeune homme tire sur le bord de la plage une barque contenant plusieurs gros jerricans. Je lui explique que nous aimerions qu'il nous livre au bateau, et il nous accompagne immédiatement. Fin de la promenade pour aujourd'hui. Nous n'avons pas fait le tour du village, la suite sera pour demain.

Une des plus jolies maisons

Une des plus jolies maisons

La station de dessalinisation

La station de dessalinisation

Même endroit vu de la plage

Même endroit vu de la plage

En-dehors du village, un camping... vide !

En-dehors du village, un camping... vide !

La crèche, ou garderie ?

La crèche, ou garderie ?

La météo semble indiquer que nous repartirons vendredi matin, pour arriver samedi soir à proximité de Bahia Asuncion. Il est probable que nous puissions par la suite faire de petites étapes quotidiennes en direction d'Ensenada, car les abris plus nombreux nous permettront sans doute de continuer à progresser. Il nous reste encore plus de 500 MN à parcourir jusqu'à Ensenada, qui sera la dernière escale mexicaine, celle où nous ferons les formalités de sortie avant d'arriver aux US. En navigation continue, il faudrait quatre jours, mais par étapes ce sera plutôt une dizaine. Le vent décidera pour nous !

Etape faite ou à faire...

Etape faite ou à faire...

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N
À propos de quart, comment vous organisez vous ? À 2 comme nous aussi, c’est un peu long (pour moi en tous cas qui aime dormir après minuit).
Répondre
En pleine mer quand un fait une traversée, on dort. Pas de quart. Le long des côtes, comme ici, c'est un peu à volonté. Généralement, Eric reste à somnoler une bonne partie de la nuit dans le cockpit et je le relaie 3h à un moment pour qu'il prenne un vrai repos.
C
Les couleurs et les contrastes sont très beaux, je trouve!<br /> Ces zones arides évoquent bien le Mexique, dirait-on ;)<br /> Bisous et bonne navigation!
Répondre
Oui, c'est très aride mais je suis d'accord, c'est beau. Cependant on a suffisamment admiré ce paysage, maintenant on voudrait bien changer ! ;)