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Cabo San Lucas, escale forcée !

Déjà dix jours que nous sommes bloqués au mouillage très "rock'n roll" de Cabo. Heureusement, une lueur d'espoir se profile : départ en vue samedi matin.

Ce n'est pas que nous soyons malheureux ici, mais enfin nous serons bien contents d'en partir... Une journée typique devant la plage de Cabo commence par un lever de soleil tranquille vers 6h 30. Tranquille parce qu'en général le matin il n'y a pas de vent, pas de vagues, et les fêtards dorment encore. Vers 9h les premiers bateaux-taxis commencent à sillonner la baie, d'un hôtel à l'autre, et nous envoient quelques vagues qui nous font gentiment rouler. Vers 10h, les touristes matinaux font du canoë, du paddle ou du foil électrique autour de nous... parfois ils disent bonjour ! En tout cas, eux, font leur petite activité nautique sans bruit, ouf ! En fin de matinée c'est le bal des excursions en barque à fond de verre ou autre sortie motorisée ; dans l'après-midi ça se déchaîne carrément avec les jetskis qui sont bruyants mais font surtout des vagues énormes, et ne se gênent pas pour passer à quelques mètres de nous. Sur la plage, c'est l'heure des animations en tous genres, qu'on ne peut pas ignorer vu le volume sonore. Il y a une sorte de bingo ou loterie, un concours quelconque avec encouragements des candidats, rires enregistrés et jingles variés. Championne des décibels, la discothèque pour les jeunes qui ne diffuse pas de la musique mais du bruit boum-boum. Ah ça y est, je suis devenue une vieille bique, la musique de mon temps c'était mieux ! Nous dansons aussi, contre notre gré, car c'est l'apogée des vagues dans tous les sens. Vers 18h il y a comme une accalmie : beaucoup sont partis en bateau (sur toutes sortes d'embarcations imaginables) afin d'admirer le coucher du soleil au large, car le beau cap rocheux a le mauvais goût de le dissimuler. À 19h tout le monde revient, en musique et à la queue-leu-leu, reprendre place dans la marina. L'heure de l'apéro et du dîner assure encore une heure de repos relatif, puis la soirée commence avec des animations musicales en tous genres dans les différents hôtels. Depuis notre bateau nous avons ainsi pu admirer aux jumelles plusieurs spectacles folkloriques, ou profiter du feu d'artifice quotidien, avantageusement remplacé un soir par un "drone show" : très joli, et parfaitement silencieux, quelle bonne idée ! Nous sommes au lit bien avant la fin des festivités, et par chance nous avons le sommeil facile : la musique nous berce autant que les vaguelettes d'une baie enfin assagie. Et le lendemain, ça recommence !

 

Notre voisin, bateau de promenade qui n'est pas le plus embêtant.

Notre voisin, bateau de promenade qui n'est pas le plus embêtant.

Jusqu'à deux paquebots le même jour !

Jusqu'à deux paquebots le même jour !

Les drones font des figures...

Les drones font des figures...

...qui changent !

...qui changent !

Puisque nous ne pouvons pas nous en aller tant que le vent ne baisse pas, nous prenons le parti de nous occuper du bateau. Après tout, nous n'avons pratiquement pas fait d'entretien depuis le chantier d'Aruba en Novembre, il n'est que temps de travailler un peu. Éric a sur sa liste la remise en état du moteur hors-bord qui souffre d'avoir été trop longtemps délaissé ; quelques réparations d'éclairages défaillants ; la révision de la pompe des toilettes avant, un peu de vérification au moteur, retendre les courroies, regarder les niveaux... Ah et aussi faire des trous d'aération sur les plaques qui nous tiennent lieu de sommier, car lorsqu'il fera froid nous serons confrontés au problème de la condensation. Enfin il procède au grattage de la coque sur laquelle des parasites se sont installés... À plusieurs reprises il se met donc dans l'eau, avec palmes et tuba, et le plouf de son plongeon est immédiatement suivi d'un grand cri (étouffé par le masque) parce que l'eau, tiens, est devenue plutôt fraîche ! 22 ou 23°, pas davantage. Ah oui, quand même !

Et moi, sur ma liste de travaux, il y a : VERNIS ! Un mot unique mais une occupation au long cours. J'ai commencé avec la rénovation des rames, qui sont finies et opérationnelles. C'était le tour de chauffe ; maintenant allons-y avec les six mains-courantes du pont, les quatre poignées du cockpit, plus divers endroits qui n'ont même pas de nom spécifique. Je rajoute à la liste la table du carré qui commençait à faire grise mine et les fargues qui, dans le cockpit, font le tour de la descente, juste devant le pare-brise. Celles-là attendaient depuis des années que je m'occupe d'elles, je repoussais toujours parce que leur état exigeait de les poncer à la main, longuement et soigneusement, pour éliminer le vieux vernis écaillé et retrouver du joli bois clair. C'est fait, et je suis bien contente ! Désormais, l'entretien sera une plaisanterie. Lorsque tout a reçu entre trois et cinq couches, ça brille de partout et le pot est fini. Repos !

Vernir les mains courantes...

Vernir les mains courantes...

Les fargues, avant les travaux...

Les fargues, avant les travaux...

... pendant...

... pendant...

... et après !

... et après !

Il faut bien aller faire du ravitaillement quelquefois. Éric met le moteur hors-bord (qui remarche très bien) sur l'annexe et en route pour la marina, au milieu de tous les bateaux dont les vagues nous chahutent joyeusement. Comme nous l'avions pensé, aller à terre n'a pas beaucoup de charme ; les rues où les touristes circulent proposent en masse boutiques de souvenirs, vente de sorties en mer, restaurants de qualité discutable (cuisine mexicaine adaptée au goût américain, bof !) et le décor est quelconque pour ne pas dire médiocre. Le contraste avec les rues voisines est comme toujours saisissant. Mais le centre commercial est aussi pimpant qu'on pouvait l'imaginer, pas de surprise, et on y trouve les produits souhaités sans difficulté et à des prix... européens.

 

Le dinghy dock est tout au bout de la marina.

Le dinghy dock est tout au bout de la marina.

Zone de circulation touristique

Zone de circulation touristique

Epaves de voitures deux rues plus loin

Epaves de voitures deux rues plus loin

Des murales pas très en valeur

Des murales pas très en valeur

Un hommage à Diego Rivera ? (son nom est cité)

Un hommage à Diego Rivera ? (son nom est cité)

Peinture murale et cactus se mélangent...

Peinture murale et cactus se mélangent...

Le centre commercial, propret.

Le centre commercial, propret.

Vous avez dit produit local ?

Vous avez dit produit local ?

Du pain aussi bon qu'en France (rare !) et des frites de courgettes.

Du pain aussi bon qu'en France (rare !) et des frites de courgettes.

La petite note d'inattendu, c'est la présence d'otaries sur les pontons de la marina ! On les entend avant de les voir : "honk honk honk !" aboient les énormes mâles tout en moustaches. Pas du tout gênés par le trafic intense des bateaux à moteur, ils font des cabrioles au milieu du chenal avant de se hisser au bout d'une panne où ils font la sieste, tranquilles. Nous croisons les doigts pour qu'aucun d'eux n'ait envie de s'installer dans notre annexe pendant que nous faisons les courses, ça ne serait pas facile de les déloger !

Dans le chenal principal de la marina (sans otaries)

Dans le chenal principal de la marina (sans otaries)

Eric est content de son moteur hors-bord qui ronronne.

Eric est content de son moteur hors-bord qui ronronne.

Pour les otaries, c'est l'heure  de la sieste.

Pour les otaries, c'est l'heure de la sieste.

On peut expliquer la présence de ces otaries par le fait que les températures baissent sensiblement. Alors qu'en métropole on s'approche du printemps et des beaux jours, nous allons peut-être les voir disparaître dans les prochaines semaines. Pour le moment, le soleil est toujours présent, chaque jour, mais il chauffe moins. Au maximum de la journée il fait 25° et le soir nous avons presque froid. Nous fermons les toiles du cockpit pour la nuit, sans quoi la couette ne serait pas suffisante avec les 17 ou 18° extérieurs. Fini le temps où nous transpirions à grosses gouttes dès que nous faisions le moindre effort. Le ventilateur est au chômage... et je commence à réclamer de l'eau chaude pour ma toilette. D'ailleurs, la toilette devient minimaliste, nous sommes en période de restriction. La dernière fois que nous avons fait le plein du réservoir c'était il y a un mois, dans la marina Chahué. Depuis, on nous a dit que l'eau n'est pas potable au Mexique ! Alors nous attendons les US... ce qui veut dire que nous devons tenir avec ce qui reste, environ 400 litres. Je limite plus que jamais la consommation pour la vaisselle, le nettoyage, je ne fais pas de lessive naturellement. Nous avons même acheté quelques bidons de cinq litres, à titre de précaution au cas où nous serions réellement à court de boisson. C'est vrai qu'il reste encore du rhum à bord ! Mais bon, tout de même...

Le cockpit, le soir, toiles baissées.

Le cockpit, le soir, toiles baissées.

Pas de rencontres à cette escale ? Mais si ! Tout d'abord le capitaine du voilier voisin (nous ne sommes pas plus de quatre voiliers au mouillage, dont deux semblent inoccupés) est venu nous voir car il pensait avoir déjà rencontré notre bateau autrefois. En discutant un peu, nous apprenons d'Eugenius qu'il est Polonais et naviguait déjà en 1970. Il était alors âgé de 23 ans et faisait le tour de l'Amérique du sud avec des copains étudiants. Au Cap Vert, il a vu un voilier du nom d'Alkinoos, voilà pourquoi il a cru reconnaître le nôtre. Mais à cette époque, Alkinoos III n'était pas encore sorti du chantier. L'Alkinoos qu'il a vu, c'était le premier du nom, c'est-à-dire le premier bateau des parents d'Éric sur lequel ils ont fait leurs premières armes de voileux avant de le revendre pour acheter plus grand. Le jeune couple qui l'avait acheté a pris la route des Antilles en faisant escale au Cap Vert. Le monde est petit... et Eugenius a une excellente mémoire !

Un autre jour, tandis qu'Éric bricole dans le cockpit, il voit arriver une barque à moteur occupée par une cliente unique : elle se tient à l'avant et nous adresse la parole en français. C'est une Américaine en vacances dans le bel hôtel juste en face, et elle déclare que depuis huit jours la vue de notre bateau, avec son drapeau français, la fait rêver... Elle a étudié à La Rochelle et à Montpellier quand elle était jeune, et elle se languissait de nous rencontrer. Voyant qu'aucune occasion ne se présentait, elle s'est décidée à louer une barque juste pour venir nous parler. Bien sûr nous sommes enchantés et nous voudrions bien l'inviter à bord, mais elle n'envisage pas de grimper et d'ailleurs la barque ne peut pas si facilement nous aborder sans dommages. Qu'à cela ne tienne ! Elle nous invite à venir le lendemain soir à son hôtel, où nous serons ses invités, précise-t-elle. C'est ainsi que dimanche soir nous nous faisons beaux et descendons en annexe à rames jusqu'à la plage, devant le bel escalier d'accès à l'hôtel Pueblo Bonito Blanco (5 étoiles tout de même, le plus bel établissement de l'endroit). Nous devons patienter en haut des marches, car le personnel, bien qu'aimable, ne laisse pas entrer les non-résidents. Bobbi Long, notre Américaine, ne tarde pas à venir nous rejoindre et nous sommes autorisés à la suivre au restaurant, à condition de passer par le somptueux hall d'accueil pour présenter nos papiers d'identité. Ils sont un brin procéduriers, ces Mexicains !

Pueblo Bonito Blanco, l'hôtel de Bobbi

Pueblo Bonito Blanco, l'hôtel de Bobbi

Vue depuis les escaliers de l'hôtel : notre annexe sur le sable !

Vue depuis les escaliers de l'hôtel : notre annexe sur le sable !

La plage à l'heure "sage".

La plage à l'heure "sage".

La vue qui fait rêver Bobbi...

La vue qui fait rêver Bobbi...

Le dîner, on s'en doute, est délicieux. Les fruits de mer sont à l'honneur : crab cakes, crevettes sautées, poisson du jour, le tout arrosé d'un Sauvignon Californien fort agréable. Et la conversation va bon train, tantôt en français, tantôt en anglais lorsque Bobbi peine à trouver ses mots. Elle est enthousiasmée par notre histoire : naviguer sur le voilier des parents, qui eux-mêmes ont fait le tour du monde, et d'ailleurs nous aussi avec un autre bateau... Elle n'en revient pas ! Pourtant elle-même a bien roulé sa bosse : née à Seattle, fille d'un architecte naval dans l'industrie, elle est devenue designer spécialisée en typographie, ce qui l'a amenée à Paris, en Suisse, en Suède, et dans pas mal d'états américains. Bobbi est une femme charmante, chaleureuse et spirituelle, qui vit aujourd'hui à Monterey, Californie, et espère bien que nous y ferons escale pour une nouvelle rencontre. Nous ne demandons pas mieux ! C'est sur cette promesse que nous nous quittons, et sous les yeux médusés des serveurs nous partons, non pas en taxi, mais en annexe ! Ils n'avaient sans doute pas eu de clients de ce genre depuis des lustres, peut-être même jamais...

Roberta (Bobbi) Long

Roberta (Bobbi) Long

Voilà comment les jours passent à Cabo San Lucas. Ce n'est pas le paradis mais sûrement pas l'enfer non plus. La météo annonce que le vent sera enfin un peu moins fort demain, avec quelques rafales dans la nuit et sans doute du calme dimanche. Nous allons donc lever l'ancre, ce samedi 9 Mars, ce n'est pas trop tôt ! Cap sur Bahia Magdalena, Mag Bay comme disent les Américains, où nous devrions arriver dimanche après-midi après une traite de 170 milles. Les nouvelles ultérieures dépendront du réseau internet, ce n'est pas gagné car l'endroit semble isolé. On verra bien !


 

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N
Je suis toujours intriguée par les rencontres insolites que l’on peut faire en voyage, et surtout en voilier ! C’est incroyable comme le monde est petit finalement. Et profitez de l’invitation à Monterey car c’est absolument charmant mais c’est une station très très chic avec des villas superbes. Ça vous plaira certainement. J’y suis passée lorsque je vadrouillais en Californie en 2015 et j’ai gardé un très bon souvenir de cette petite ville. <br /> Sinon, si le bateau est toujours aussi beau, c’est parce que vous l’entretenez très bien ! Et c’est du travail ! Comme quoi, on ne s’ennuie jamais à bord.<br /> Bonne route et à la prochaine étape !<br /> Bises à vous deux
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Oui Nicole, tu as raison, on fait très souvent de brelles rencontres en bateau. On fait rêver les gens, ils ont envie d'échanger et ça nous fait bien plaisir. Certainement nous ferons escale à Monterey. Plein de belles escales en vue. Et vous, bonne continuation, bon vent ! On vous suit par la pensée.<br /> Bises à vous deux.
P
Et bien moi je la trouve plutôt cette escale, non ?!<br /> Pluie à n'en plus finir dans les Landes.. vivement le printemps.<br /> Un peu de soleil quand même: je pars 3 jours faire du ski dans les Pyrénées avec ma soeur. Et ça me rappelle une semaine extraordinaire à Argentières avec vous...<br /> Des bisous. Pierre.
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On t'envoie du soleil, Pierre ! Mais pour les degrés, ça diminue. Bon courage jusqu'aux beaux jours, et profite bien du ski. Autant de neige qu'à Argentières ?<br /> Gros bisous !
M
J’ai bien rigolé à la lecture de ce dernier article ( surtout la description des animations incroyables pour les touristes ) .<br /> Belles rencontres que cet Eugenius et cette Bobby ! <br /> Je vous embrasse.<br /> F
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Tant mieux si je t'ai fait rigoler ! J'essaie de mettre un peu d'humour, mais je ne suis pas une grande comique... On fait ce qu'on peut ! <br /> Bises